La première paille fait son apparition
La première paille à boire voit le jour il y a 4000 ans, en Irak, où elle est alors utilisée par les communautés Sumériennes*. Cette population eu l’ingénieuse idée de se servir d’un long cylindre pour boire leur bière ou leur vin, évitant ainsi le contact désagréable avec les dépôts stagnants au fond de leurs grands récipients.
A l’époque, même si les témoignages sont très peu nombreux, il semblerait que les Sumériens utilisaient un objet quelque peu luxueux, une sorte de tube en or orné de lapis-lazuli. Rien que ça.
Et si on vous disait que nous sommes en retard d’un siècle ?
Il faudra attendre le 19ème siècle pour qu’un éclair de génie fasse surface : pourquoi ne pas simplement utiliser une tige de paille en guise de paille ? Ca tombe sous le sens. Les tiges de paille dépouillées de leurs épis sont creuses et ont un diamètre idéal pour aspirer les liquides. Fin 19ème, la grande majorité des pailles à boire sont donc faites de paille, ce qui va d’ailleurs conférer le nom de cet ustensile. Et, saviez-vous de quoi ces longues pailles étaient faites ? Roulement de tambour… De seigle !
Nous y voilà, 100 ans plus tard, à vous proposer le même produit utilisé plus d’un siècle avant notre ère. Il semblerait que nous soyons -légèrement- en retard… “L’innovation s’apparente souvent à la redécouverte du passé” (c’est de nous).
Que s’est-il passé ensuite ?
Ensuite, c’est au 20ème siècle qu’un changement s’opère : Marvin Stone, riche inventeur américain, crée la première paille de papier. Son concept est simple : il enroule un tube de papier utilisé à l’époque pour la fabrication de cigarettes autour d’un crayon, le colle pour en maintenir la forme, et attend que ça sèche. Prototype qu’il perfectionnera par la suite, en enduisant ce tube de cire paraffine, afin de rendre sa paille plus résistante aux liquides. Il dépose son brevet et fait fortune.
Un demi-siècle plus tard, la paille connaît une nouvelle évolution majeure de son histoire, grâce à monsieur Joseph B. Friedman, toujours américain. Son idée lui vient en observant sa fille buvant difficilement sa boisson à cause d’une paille mal adaptée à sa taille. L’idée de génie lui saute aux yeux : la flexibilité !
Friedman insère alors une vis à l’intérieur de la paille, et utilise de la soie dentaire pour en imprimer les sillons. Naît alors la forme d’accordéon que nous connaissons tous aujourd’hui, qui permet à chacun de plier sa paille à sa guise. Encore une fois, brevet, fortune, et une entreprise : Flex-Straw*.
Cette paille fera, entre-autre, la joie des hôpitaux de l’époque, qui la proposent à leurs malades pour faciliter leur consommation de liquide. La montée massive de la restauration rapide fera la suite.
L’avènement du plastique
A cette même époque, un tout nouveau matériau des plus innovants fait son apparition dans le quotidien des ménages : le plastique. C’est alors en cette période d’après-guerre que la fabrication de pailles en plastique à grande échelle se profile, toujours avec Friedman, qui propose une version plastique de sa paille flexible. Au cours des années 60, la paille en plastique inonde les marchés, et séduit pour sa résistance, son prix et son côté personnalisable.
Malheureusement, la suite, on la connaît. Et on déchante pas mal.
Alors, retour vers le futur ?
Comme vous devez le savoir, notre société a depuis peu fait un grand pas dans la lutte contre le plastique, du moins en Europe, en interdisant dès 2021 toute commercialisation de pailles et autres plastiques à usage unique. Une autre loi “anti-gaspillage”, dite pour une économie circulaire, a été votée en Janvier 2020 en France et comprend notamment l’ambitieux chantier visant à l’interdiction des contenants à usage unique dans les fast-foods avant 2023.
« La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire que nous présentons est un texte ambitieux pour sortir de la société du tout-jetable. Il propose un quotidien plus sobre dans lequel les industriels sont plus responsabilisés, les collectivités locales soulagées et les consommateurs mieux informés pour être davantage acteurs de la transition lors de leurs achats. Une époque à laquelle produire pour détruire n’est plus acceptable. »
Brune Poirson, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire
Le règne du plastique touche -enfin- progressivement à sa fin, et au passage, remet en question grand nombre de nos modes de consommation.
Chez Filaj, nous proposons donc de revenir à des valeurs pourtant simples, mais qui nous paraissent cruciales : s’inspirer des savoir-faires anciens pour contrer un fléau actuel et y proposer des alternatives viables. La paille en paille a séduit le monde entier des siècles durant, pourquoi pas aujourd’hui ?
*Le Sumer est une région située à l’extrême sud de ce qu’était la Mésopotamie antique
*Littéralement “Flex-Paille” en français